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Quels messages doivent diffuser les feux sonores ?

Vous êtes-vous déjà retrouvé sur un carrefour équipé de feux sonores sans parvenir à prendre une décision pour traverser ? S’agit-il d’une voie de circulation automobile ? S’agit-il d’une voie de tram ? Quel est le nom de la rue ? Est-ce la bonne direction ?

Le contenu des messages diffusés par un feu sonore est réglementé. Celui-ci doit être personnalisé en fonction de la nature du feu de signalisation et de son emplacement. Mais de nombreuses villes, y compris parmi les plus grandes, ignorent encore cette obligation. Je vous propose de faire le point sur les textes réglementaires et les bonnes pratiques que votre ville devrait respecter pour être dans les clous.

 Messages pour une voie de circulation automobile

La réglementation sur la signalisation routière et la norme concernant les répétiteurs de feux sonores définissent clairement la nature des messages qui doivent être diffusés sur les deux phases du feu.

A savoir : les petits bonhommes lumineux rouge et vert installés sur les traversées des voies de circulation automobile sont nommés « signaux R12 » dans le jargon des techniciens.

Un feu sonore R12 diffuse un message parlé sur la phase rouge et un message codé sur la phase verte.

Sur la phase rouge :

Le feu sonore diffuse un message parlé commençant par l’expression « Rouge piéton » obligatoirement suivie du nom de la rue ou autre indication géographique. Cette indication complémentaire permet de distinguer les différentes traversées d’un même carrefour.

Exemple :
« Rouge piéton, rue de la République »,
« Rouge piéton, cours de la Liberté »

Ce message peut être enregistré en voix humaine ou généré par une voix de synthèse. Cette deuxième solution est la plus courante, car elle est beaucoup plus facile à appliquer. Les synthèses vocales ont par ailleurs fait beaucoup de progrès ces dernières années. La compréhension des messages générés par une synthèse vocale est donc tout à fait satisfaisante.

La plupart du temps, les messages diffusés sur la phase rouge sont énoncés par une voix féminine. Les sont aigus sont en effet plus audibles dans le bruit de la circulation routière. Mais certaines villes ont fait le choix d’une voix masculine.

Sur la phase verte :

Le feu sonore diffuse un son de cloche appelé « sonorité normale de vert » ou parfois « ritournelle ». Le son est émis pendant toute la durée de la phase verte.

Ce son peut être précédé d’un court jingle appelé « sonorité de début de vert ». Ce jingle permet d’améliorer la localisation de la traversée grâce à la directivité du son.

Messages pour une voie réservée aux transports en commun

On les appelle cette fois les « signaux R25 ». Ce type de feux est installé sur les voies réservées au tram ou bus à haut niveau de service (BHNS), autrement dit, les transports en commun qui circulent sur des voies exclusivement réservées. Le signal lumineux R25 représente un bonhomme rouge surmonté du mot « stop ». Il peut être allumé ou éteint mais il ne passe jamais au vert.

Sur la phase rouge :

Le feu diffuse un message parlé commençant par l’expression « Stop piéton », suivie par le nom du type de véhicule circulant sur cette voie : tramway, bus… Ces messages sont préenregistrés par une voix masculine.

Sur la phase où le rouge est éteint :

Le feu diffuse un son spécifique bref signalant que le module sonore fonctionne. Ce son est différent du son de cloche émis par les feux sonores R12.

A savoir : les traversées de voies réservées aux transports en commun répondent à des règles différentes des voies de circulation automobile. Le véhicule de transport en commun reste toujours prioritaire sur les autres usagers. Ceci explique qu’il n’y a jamais de feu vert pour les piétons.

Comment personnaliser les messages « rouge piéton » ?

La personnalisation des messages parlés « rouge piéton » avec le nom de la rue est un critère essentiel pour faciliter la localisation et l’orientation des piétons aveugles ou malvoyants, mais aussi pour assurer leur sécurité. Et bien que la réglementation sur la voirie l’impose depuis septembre 2015, de nombreuses villes ne respectent toujours pas cette obligation.

Les services techniques considèrent souvent que la personnalisation des messages est un processus complexe. Il est beaucoup plus simple pour eux d’installer le même module sonore standard sur toutes les traversées piétonnes. Mais alors, les piétons déficients visuels sont privés de précieuses informations et peuvent même se trouver en danger du fait de l’absence de personnalisation des messages. Ceci est particulièrement vrai dans les carrefours complexes.

La prochaine révision de la norme NF S32-002 sur les feux sonores devrait contenir une annexe concernant la personnalisation des messages afin d’aider les techniciens dans cette tâche. Voici d’ores et déjà quelques conseils généraux que vous pourrez relayer auprès d’eux.

Indiquer la localisation

La localisation correspond au nom de la rue sur laquelle est aménagée la traversée piétonne. La plupart du temps, ce point ne pose pas de question. Il suffit de regarder un plan pour associer les bons noms aux modules sonores correspondants. Dans les cas plus complexes, il peut être nécessaire d’organiser une réunion sur le terrain pour choisir l’indication la plus logique.

Décrire la traversée

Le plus souvent, l’indication du nom de la rue suffit. Mais dans le cas des traversées complexes, il peut s’avérer nécessaire de compléter le nom de la rue par des précisions sur la configuration de la traversée.

Exemple :
« Rouge piéton, cours de la Liberté, passage piéton en deux temps »,
« Rouge piéton, rue de la République jusqu’à l’îlot central »

Indiquer la direction

Lorsqu’une traversée piétonne se trouve à proximité d’un point d’intérêt remarquable, indiquer la direction vers ce point d’intérêt peut faciliter l’orientation des piétons aveugles ou malvoyants. C’est le principe appliqué à Montpellier.

Exemple :
« Rouge piéton, rue de la République, en direction de la station de tramway »,
« Rouge piéton, rue de la République, en direction de l’Hôtel de Ville »

Une autre possibilité consiste à indiquer les points cardinaux. On considère alors le carrefour comme une rose des vents dont le centre serait situé au point de croisement des rues. C’est le principe appliqué à Lyon.

Exemple :
« Rouge piéton, rue de la République, Nord ».

Attention aux homophones

Il faut bien avoir à l’esprit que les messages des feux vont être diffusés oralement. Deux mots peuvent se prononcer exactement de la même manière et ne pas avoir le même sens, voire avoir des sens opposés. C’est le cas par exemple du nom féminin « traversée » et du verbe à l’impératif « traversez ». C’est aussi le cas pour l’adjectif de couleur « vert » et la préposition indiquant une direction « vers ». Il faut donc absolument faire attention que les mots employés dans les messages ne créent pas d’ambigüité à l’oral.

Quelques références réglementaires

Si vous souhaitez étayer votre argumentation juridique, vous pouvez vous appuyer sur les textes suivants :

Vous avez maintenant toutes les clés pour aller revendiquer la personnalisation des messages des feux sonores auprès des services techniques de votre ville. Si vous rencontrez encore des résistances, n’hésitez pas à citer en exemples les villes qui ont depuis longtemps réalisé cette personnalisation avec succès, comme Paris, Lyon, Montpellier, Nancy, Bayonne, Bourg-en-Bresse, et bien d’autres encore. Et si vous avez besoin d’un appui technique ou réglementaire pour soutenir votre demande, contactez-moi, je ferai mon maximum pour vous aider.

Mis à jour le 14/09/2022

5 Comments

  1. « Sur la phase où le rouge est éteint Le feu diffuse un son spécifique bref signalant que le module sonore fonctionne » : ce son n’est vraiment pas engageant ! Il est plutôt paralisant. Il ressemble à une alerte qui indique de ne pas aller plus loin…

    Quant au « vert piéton », cette cloche est également stressante. Les riverins des feux sonores très sollicités par les personnes déficientes visuelles ne se plaignent pas du message vocal du feu rouge, mais surtout de cette cloche stridente. Merci la CFPSAA.

  2. Lise Lise

    Bonjour Alain,
    Je te remercie d’avoir exprimé ton avis. Ce blog est là pour ça et j’invite tous les lecteurs à exprimer le leur !
    Cet article a pour vocation d’expliquer la réglementation concernant les feux sonores pour ceux qui ne la connaissent pas. Il existe malheureusement encore beaucoup de villes françaises qui n’appliquent pas ces règles issues d’un consensus. Et mon objectif est avant tout de les faire connaitre pour que tous les déficients visuels puissent bénéficier de feux sonores équipés !

  3. Un truc tout bête, mais on y pense pas ; pour moi, le nom de l’arrêt auquel on se situe devrait être annoncé dans les balises. Pourquoi ? Parce que si en général, ces balises sont toujours fonctionnelles, les annonces dans les véhicules ne le sont pas. Ça ôterait un doute et confirmerait qu’on est descendu au bon endroit.

  4. Sabine Sabine

    Bonsoir,

    Pour ma part, je trouve que le nom de la rue, le type de voie, la traversée sont des informations importantes pour mieux se situer, surtout s’il s’agit de carrefours complexes.
    Il arrive souvent que les messages sont inaudible en pleine journée.
    Les séances de locomotion sont indispensables.

    La musique lorsque le feu est vert ne me stresse pas du tout, contrairement aux automobilistes qui brûlent le feu ou veulent simplement tourner et si l’on s’arrête on est averti qu’il devient rouge, donc, bientôt vert de l’autre côté.
    Je n’ai pas ces informations lors des traversées dans les villes de la métropole lilloise où je circule.

  5. Lise Lise

    Bonjour Sabine,
    Merci pour votre témoignage ! Vous avez raison de mentionner que les cours de locomotion sont importants pour bien savoir se situer et traverser en sécurité, et ce même quand les feux sont correctement sonorisés.
    Au plaisir d’un prochain échange !

    Lise

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