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Oui, un carrefour complexe peut être équipé de feux sonores

De plus en plus de traversées piétonnes sont équipées de feux sonores partout en France. Et pourtant, cela vous est certainement déjà arrivé de vous trouver sur un carrefour complexe et de regretter leur absence. Alors que, quelques minutes plus tôt, vous aviez pu les utiliser sur un carrefour qui ne présentait aucune difficulté. Pourquoi une telle incohérence ? Pourquoi les feux sonores ne sont pas toujours présents où nous en avons le plus besoin ? Laissez-moi vous raconter comment nous en sommes arrivés là et quelles sont les solutions existantes ou à l’étude pour remédier à cette situation.

Un risque de confusion des signaux sonores sur les carrefours complexes

Pour commencer, mettons-nous d’accord sur la définition d’un carrefour complexe. On qualifie de « complexe » un carrefour qui comporte plusieurs voies de circulation, dont certaines peuvent être réservées aux vélos, trams ou bus. Pour réduire les conflits avec les véhicules et assurer la sécurité des piétons, les traversées sur un carrefour complexe sont souvent divisées en plusieurs tronçons séparés par des îlots refuges. Pour couronner le tout, les îlots refuges peuvent être droits, avec deux traversées alignées, en baïonnette, avec deux traversées décalées, mais aussi parfois triangulaires, avec trois traversées de part et d’autre.

Retournons maintenant au début des années 2000. La norme NF S32-002 qui définit toutes les caractéristiques techniques des feux sonores installés en France a été homologuée en 2004. A cette époque, plusieurs études ont été menées pour évaluer le fonctionnement des feux sonores. Et les résultats d’expérimentation publiés en 2006 par le CERTU, devenu aujourd’hui CEREMA, mettaient en évidence des risques de confusion des signaux sonores sur les carrefours complexes. Suite à ce rapport, une circulaire de la Délégation Ministérielle à l’Accessibilité préconisait de ne pas équiper les carrefours complexes en attendant une solution plus satisfaisante, et d’orienter les personnes aveugles et malvoyantes vers des cheminements plus sécurisés. La ville de Paris a suivi cette recommandation et c’est la raison pour laquelle vous trouverez encore dans la capitale de nombreux carrefours dépourvus de signaux sonores. Les services de la ville continuent cependant à mener des expérimentations pour trouver une solution qui permettrait de savoir quelle est la traversée au vert sans aucune ambiguïté.

Des solutions dans l’aménagement des carrefours

En attendant de créer une nouvelle norme plus favorable à l’équipement des carrefours complexes, il est malgré tout possible d’optimiser l’existant en soignant l’aménagement et l’implantation des modules sonores. Le rapport de 2006 faisait d’ailleurs déjà des préconisations en ce sens. Si vous participez à des commissions d’accessibilité ou si vous êtes consultés lors de travaux d’aménagement de voirie, n’hésitez pas à rappeler ces règles aux techniciens.

Rapprocher le feu sonore de la bande d’éveil de vigilance

Quand vous appuyez sur votre télécommande et que plusieurs feux sonores se mettent à sonner en même temps, il est utile de pouvoir se rapprocher du feu qui commande votre traversée. Pour cela, il est préférable que le poteau se situe directement à côté de la bande d’éveil de vigilance. Mais il arrive souvent que la présence d’arbres ou de mobilier urbain fasse obstacle entre le poteau du feu et le passage piéton. La première précaution lors d’un nouvel aménagement de carrefour est donc de rapprocher autant que possible le feu piéton de la traversée correspondante.

Eloigner les passages piétons les uns des autres

Souvent, le risque de confusion des signaux sonores vient du fait que les passages piétons et les supports de feux sont trop proches les uns des autres. Il est donc important, lors d’un réaménagement de carrefour, d’éloigner le plus possible les traversées piétonnes. Concrètement, cela signifie que les passages piétons ne devraient jamais se trouver dans l’arrondi d’un trottoir. Une bonne manière d’éloigner les passages piétons sans modifier leur emplacement consiste à les raccourcir en élargissant les trottoirs. C’est ce qu’on appelle communément des « oreilles », car ces avancées de trottoirs rappellent la forme des oreilles de Mickey.

Créer des couloirs sonores

Pour pouvoir se laisser guider par le son d’un bout à l’autre d’une traversée piétonne, il est préférable que les modules sonores se situent bien l’un en face de l’autre. C’est ce qu’on appelle un « couloir sonore ». Et toujours dans le but de réduire le risque de confusion, ces couloirs sonores doivent se situer sur l’extérieur du carrefour, au plus loin du point d’intersection entre les rues. Autrement dit, imaginez que les feux sonores sont tous situés sur une même ligne qui ceinture le carrefour, du côté extérieur des passages piétons.

Synchroniser les modules sonores d’une même traversée

Les ondes radio émises par la télécommande des feux sonores sont un peu capricieuses. Selon l’environnement, la présence de façades à proximité, l’humidité ambiante…, elles ne se propagent pas toujours de la même manière. C’est la raison pour laquelle il vous est certainement déjà arrivé de déclencher d’abord le feu sonore de l’autre côté de la rue avant celui qui se trouvait de votre côté. Pour éviter ce désagrément, les fabricants ont développé des systèmes de synchronisation entre les modules sonores d’une même traversée. A partir du moment où l’un d’entre eux reçoit un appel de la télécommande, tous se déclenchent simultanément.

Indiquer le nom de la rue dans le message « Rouge piéton »

En 2006, le rapport du CERTU mettait en doute l’intérêt de compléter l’indication de la couleur du feu par des précisions géographiques. Ajouter le nom de la rue traversée après l’indication « rouge piéton » est donc longtemps resté facultatif. Mais les revendications des associations représentant les personnes déficientes visuelles ont fini par être entendues. En septembre 2015, un arrêté a rendu obligatoire l’ajout du nom de la rue sur le message diffusé pendant la phase rouge. Il est certain que cette mesure aide à réduire les confusions entre deux traversées piétonnes. Si elle n’est pas encore appliquée dans votre ville, n’hésitez pas à faire valoir cette obligation.

Vous l’aurez compris, il existe de nombreuses manières de réduire les risques de confusion des signaux sonores sur un carrefour à condition de soigner l’aménagement et l’implantation des feux. Ces préconisations sont déjà appliquées dans certaines villes comme Montpellier par exemple. Aujourd’hui, alors que la norme sur les feux sonores est en cours de révision à l’AFNOR, la CFPSAA demande la normalisation des couloirs sonores et de la synchronisation des modules sonores d’une même traversée. Le déclenchement par Bluetooth, comme avec l’application MyMoveo, offre aussi de nouvelles perspectives. Gageons que les expérimentations des villes vont se multiplier.

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